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             Ce site a été réalisé par  Dominique Moulon avec le soutien du  ministère de la Culture et de la Communication (Délégation au développement et aux affaires internationales). 
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          Se rendre à la Biennale de Venise, c'est accepter de manquer des œuvres tant il y a d'expositions nationales et d'événements collatéraux. Alors il convient de faire des choix sans omettre l'Arsenal et l'exposition ILLUMInazioni organisée par Brice Curiger, la directrice artistique de cette 54e édition. Il y a aussi les pavillons historiques, dans les jardins, et enfin les multiples musées, palais ou églises qui induisent bien souvent que l'on se perde dans Venise. 
           
         
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              Christian Marclay,  
                  "The Clock", 2010,  
                  courtesy White Cube, 
                  source Francesco Galli. 
                   
                   
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         Le lion d'or du meilleur artiste, cette année, revient à Christian Marclay pour son collage vidéo installé à la corderie de l'arsenal. Intitulé "The Clock", il a nécessité l'assemblage de milliers de séquences provenant de films d'auteurs et de séries télévisées. Où se suivent d'innombrables scènes contenant montres, pendules et horloges en tout genres, de tous              les styles et de toutes les époques. L'œuvre est synchrone avec le temps réel aussi il est inutile de regarder l'heure, en cette biennale où le temps presse, puisque on y est contraint. Etrangement, c'est là précisément que critiques, galeristes, collectionneurs et amateurs prennent le temps de suivre l'histoire improbable qui découle du regroupement chronologique de marqueurs temporels cinématographiques ou télévisuels. Et l'histoire, le sens, jaillit mystérieusement de l'enchaînement qui s'est naturellement imposé à l'artiste. La multitude des points de vu l'emporte quand il n'y a plus que le temps qui compte dans cette œuvre aussi globale qu'intemporelle. Sans oublier les voix qui, régulièrement, scandent le temps qui passe, dans l'ennui, comme dans l'urgence. 
         Sans limites 
         
        
          
            
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              James Turrell, "Ganzfeld Apani", 2011, courtesy Häusler Contemporary Munich, source Francesco Galli. 
                 
                
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         C'est une file d'attente impressionnante qui annonce l'œuvre de la série "Ganzfeld" que James Turrell a installée à l'intérieur de l'arsenal. Les deux médiateurs situés de part et d'autre d'un monochrome rectangulaire nous invitent à le franchir pour entrer dans une pièce où la lumière colorée n'éclaire qu'elle même. L'artiste, comme à son habitude, a littéralement éradiqué toutes les limites d'un espace intérieur qui n'aurait par conséquent plus de fond. Au point d'imposer la présence d'un autre médiateur pour matérialiser l'ultime limite à ne pas franchir, celle qui conduit pourtant au sublime. Alors un spectateur tend le bras pour renseigner son esprit. Et sa main s'enfonce dans ce second plan qui, lui aussi, n'est que lumière, où même le sol a été "gommé". Un autre spectateur s'exclame : « N'est-ce pas une mouche là-bas, dans le lointain ? ». Un insecte que l'on ne saurait voir de peur que l'œuvre dans son entier ne bascule. Mais cet incident de la mouche ne fait que renforcer notre volonté de poursuivre une telle expérience sensorielle autant qu'il souligne la fragilité d'une œuvre qui nous conduit au sublime. 
         La chance 
         
        
          
            
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              Christian Boltanski,  
                  "Chance", 2011. 
                   
                   
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         Cette année, c'est Christian Boltanski qui représente la France. Et le Pavillon Français est aussi lumineux que bruyant alors que l'artiste a si souvent investi la pénombre, dans silence. Plusieurs installations se réfèrent les unes aux autres et l'on peut tenter sa "Chance". Les portraits de nouveaux-nés défilent sous nos yeux. Une sonnerie, parfois, retentit comme pour annoncer le début d'une pièce de théâtre ou d'un opéra et la machine ralentit pour s'immobiliser sur celui que la chance a choisi. Mais en quoi son destin serait-il différent ? Et pourquoi lui plutôt qu'un autre ? Tous, un jour, nous nous sommes posés de telles questions. Deux compteurs à affichage digital s'incrémentent à chaque naissance, en vert, comme à chaque décès, en rouge. Tous, nous ne faisons que passer, furtivement, et nous serons remplacés, rapidement. Enfin il y a le jeu qui permet de "gagner l'œuvre", à Venise comme en ligne. Il suffit pour cela de cliquer, mais nous n'avons qu'une chance infime de voir s'afficher un portrait qui ne serait autre que l'hybridation de multiples visages. Ne sommes-nous pas tous issus de tels "assemblages" ?  
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              Allora & Calzadilla,  
                  "Track and Field", 2011. 
                   
                   
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         A intervalles réguliers, il y a un son dans les jardins de Venise qui couvre tous les autres. Répétitif, fait de graves et d'aigus, il s'amplifie à l'approche du Pavillon des Etats-Unis. C'est là, dehors, que les artistes Jennifer Allora et Guillermo Calzadilla ont installé un tank. Mais celui-ci est renversé et ce sont de réels athlètes qui, plusieurs fois par jour, s'entraînent sur le tapis roulant qui active ses bruyantes chenilles. Les athlètes dominent donc le tank autant qu'ils le contrôlent. Quant au char d'assaut, il nous apparaît aussi vulnérable qu'une tortue renversée. Mais que veulent nous dire les deux artistes, basés sur l'île de Puerto Rico, en associant de telles machineries qui offrent pourtant quelques similitudes dans leur mode de fonctionnement ? Quel serait le message du gouvernement des Etats-Unis avec ce tank  couleur des déserts irakien ou afghan, ce char qui nous apparaît vaincu par un seul être, comme ce fut le cas place Tian'anmen ? Car force est de reconnaître que la biennale, pour les Etats, quels qu'ils soient, est aussi affaire de communication, alors que galeristes et collectionneurs commercent ensemble sans qu'aucun prix ne soit affiché. 
         Anges ou soldats 
         
        
          
            
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              Lee Yong Baek,  
                "Angel Soldier",  
                2011. 
                 
                
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         Nombreux sont les pavillons, dans les Giardini, qui se consacrent intégralement au travail d'un artiste, duo ou collectif. Et c'est encore le cas au Pavillon Coréen qui présente plusieurs installations, photographies et vidéos de Lee Yong Baek. Mais rien, à première vue, ne semble distinguer les photographies composant la série "Angel Soldier" de la séquence vidéo qui porte le même nom. Si ce n'est quelques mouvements, aux limites du perceptible, dans un univers de fleurs artificielles. Oui, il y a des déplacements ici ou là, quelqu'un habite l'image, faisant corps avec son environnement florale. Et c'est lorsque l'on distingue une arme de guerre, un fusil, que l'on comprend qui habite l'image : un soldat, puis un autre, et encore un, dont les tenues de camouflage sont pour le moins inattendues. Le pouvoir des fleurs, sur la guerre, est sans limites, bien qu'elles soient, ici, au service du militaire. Et les étranges costumes sont aussi présentés dans l'exposition. Les noms qu'ils portent, Joseph Beuys, Marcel Duchamp, John Cage et Nam Jun Paik, trahissent les multiples influences historiques de Lee Yong Baek mais là, rien de très surprenant tant il est d'artistes qui se réclament de Duchamp comme de Cage ! 
         Au cœur de l'actualité 
         
        
          
            
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              Taryn Simon, "Nuclear Waste Encapsulation and Storage Facility, Cherenkov Radiation, Hanford Site,  
                  U.S. Department of Energy, Southeastern Washington State", 
                  2005-2007, courtesy Gagosian. 
                   
                   
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         Il n'est point, à Venise, de thématiques sociales, sociétales ou environnementales qui ne soient évoquées. Et c'est au sein de l'exposition collective du Pavillon danois que l'on découvre les quelques images, dont l'une est tout particulièrement ancrée dans l'actualité, de Taryn Simon. Il s'agit de la photographie d'un bassin au fond duquel on devine des conteneurs métalliques abritant quelques déchets radioactifs. On apprend alors sur le cartel accompagnant l'œuvre qu'il s'agit de capsules très hautement radioactives et que le site américain de Hanford en recèle bien d'autres. Un complexe nucléaire qui avait été construit en 1943 et où l'on a produit du plutonium en quantité jusqu'à la fin de la guerre froide. C'était avant Fukushima, avant même Tchernobyl, quand on pouvait encore effectuer quelques rejets radioactifs dans l'environnement sans que le monde n'en soit informé, pour ne pas qu'il s'inquiète inutilement. Taryn Simon avec cette image provenant d'une série destinée à rendre visible ce qui ne l'est pas dans son pays, nous apprend qu'Hanford compte parmi les sites américains les plus contaminés. Combien y a-t-il de Hanford en devenir dans le monde ? 
         
         Robots d'artistes 
         
        
          
            
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              Federico Di'az,  
                  "Outside itself",  
                  2011, source Daniel Sperl. 
                   
                   
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         Il y a, sur le plan officiel de la Biennale, un logo Swatch. Car c'est à Venise qu'il faut être pour les marques comme pour les musées. D'où le nombre sans cesse grandissant des événements collatéraux en cette exposition internationale qui semble ignorer la crise. Celui intitulé "Outside itself", et organisé par le centre d'art contemporain DOX basé à Prague, n'est qu'à quelques encablures de l'Arsenal. Federico Di'az y a installé deux robots industriels qui s'activent à sa place. Personne ne connaît la forme finale de la sculpture qu'ils réalisent en assemblant méticuleusement de petites sphères en plastique noir. Pas même l'artiste qui n'a conçu que les règles régissant le processus de fabrication de l'œuvre, en rédigeant quelques algorithmes ayant valeur de "statement". La sculpture se fait donc sans l'artiste, mais pas sans les spectateurs puisque les robots sont équipés de capteurs qui les renseignent sur l'activité environnante afin qu'ils intègrent le contexte de l'œuvre dans la forme même de cette création in progress. Joseph Beuys, en d'autres temps, l'avait proclamé : « Nous sommes tous des artistes », humains ou robots. 
         Du numérique en sculpture 
         
        
          
            
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              Barry X Ball,  
                "Double-sex rococo  
                scholars' stone  
                scream mandorla,  
                with "décoration"",  
                1998-2004. 
                 
                
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         Dans Venise, il est même des artistes contemporains comme Barry X Ball qui investissent les musées. Ce dernier a en effet pu installer ses œuvres au sein du Ca' Rezzonico pourtant dédié d'ordinaire au XVIIIe siècle vénitien. Ces créations, parce qu'elles renouent avec la tradition des portraits sculptés, s'intègrent parfaitement aux pièces historiques. Bien qu'elles diffèrent des collections du fait, notamment, des procédés de fabrication mis en place par l'artiste. Car le degré de réalisme tout comme la perfection des anamorphoses, l'instantanéité des expressions ou le niveau de détails des motifs est aussi imputables au choix d'utiliser scanners 3D, applications de modélisation et fraiseuses à commandes numériques. Mais la contemporanéité de l'esthétique de Barry X Ball naît surtout des étranges assemblages ou compositions qui nous questionnent ainsi que des marbres ou onix qu'il sélectionne pour des spécificités que bien des anciens auraient qualifié de défauts. 
         Article rédigé par Dominique Moulon pour MediaArtDesign.net, août 2011. 
          
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