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spCe site a été réalisé par Dominique Moulon avec le soutien du ministère de la Culture et de la Communication (Délégation au développement et aux affaires internationales).
spLes articles les plus récents de ce site sont aussi accessibles sur “Art in the Digital Age”.



DES ETINCELLES, DES PIXELS ET DES FESTIVALS

Trois expositions aux approches différentes abordaient récemment l’usage des technologies et médias numériques dans le champ de l’art : “De l’étincelle au pixel” au Martin Gropius Bau et “Conspire”, organisée par le festival Transmediale, toutes les deux à Berlin et, enfin, “Exploding Cinema” durant le Festival International du Film de Rotterdam.

imgLe sous-titre de l’exposition “De l’étincelle au pixel” est d’une relative clarté : “Art + nouveaux médias”. C’est pourtant avec une pièce datant du milieu des années 70 des plus “Low Tech”, que Richard Castelli ouvre son exposition. L’installation s’intitule “Candle TV” et évoque la fascination critique des artistes de la fin du siècle dernier pour les médias. Son auteur, Nam June Paik, a remplacé l’intégralité des entrailles électroniques d’un téléviseur par une bougie dont la simple flamme rivalise encore avec le flux des images.

 

img sp Romy Achituv & Michael Naimark, “BeNowHere Interactive”, 1997 (installation vidéo interactive).

 

imgReprésenter le temps

imgMais il est aussi, dans cette exposition, quelques installations à l’instar de “BeNowHere Interactive” conçue par l’artiste israélien Romy Achituv en 1997, qui permettent d’explorer le rapport entre l’image et le temps à grand renfort de technologies et de médias. Ce dispositif présente une douzaine de vues panoramiques d’Angkor, Dubrovnik, Jérusalem ou Tombuktu. Les panoramas photographiques s’y succèdent selon les déplacements latéraux d’une fenêtre vidéo qui, semblable à une vague temporelle, rafraîchit l’image. Le spectateur, se saisissant d’une souris, peut alors diriger cette vague et révéler le temps, la vie que recèle l’image. Il a la possibilité, selon ses clics sur la partie droite ou gauche de ce mouvement ondulatoire, d’aller de l’avant ou de l’arrière comme s’il s’agissait d’une simple tête de lecture. Ainsi, il explore simultanément de multiples espaces en de multiples temps. Dès que le dispositif est “abandonné”, la vague reprend son autonomie. Inexorablement, elle réveille ceux qui sommeillent dans les images pour les figer de nouveau dans leurs actions.

 

img sp Dirk Lüsebrink & Joachim Sauter (Art+Com), “The Invisible Shapes of Things Past”, 1996-2007 (installation).

 

imgLes Allemands Dirk Lüsebrink et Joachim Sauter questionnent, eux aussi, le rapport entre l’image et le temps dans une série de travaux initiés durant le milieu des années 90 : “The Invisible Shapes of Things Past”. Leur matériau de base est encore filmique, mais les artistes réorganisent les images, préalablement acquises, au sein d’espaces tridimensionnels. Des séries entières de photographies sont repositionnées sur les trajectoires des caméras qui les ont capturées. Ainsi, un travelling avant devient cube durant qu’un panorama est converti en cylindre et un zoom en pyramide aplatie. Les enveloppes de ces mêmes objets temporels, striées par le temps qui s’est écoulé, sont semblables aux carottes des géologues où chacune des couches qui les compose témoigne d’une unité de temps. Et c’est par la combinatoire qui fait se succéder divers mouvements de caméra que les artistes obtiennent des sculptures davantage complexes. Des instantanés où les mouvements de caméra semblent avoir été pétrifiés dans l’espace, figés dans le temps par quelques subites éruptions.

 

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Ulf Langheinrich, “Hemisphere”, 2006-2007 (dispositif immersif).

 

imgPerformances audiovisuelles

imgL’installation performance “Hemisphere” de l’artiste autrichien Ulf Langheinrich compte parmi les pièces relativement plus récentes de cette exposition puisqu’elle date des années 2006-2007. Le public est invité à s’installer confortablement au-dessous d’une demi-sphère dont la surface intérieure fait écran aux images projetées. L’expérience est véritablement immersive puisque notre champ visuel est entièrement habité par l’image, durant que les sons proviennent du pourtour de l’hémisphère. Au début, l’image n’est faite que de bruits en mouvement qu’un bourdonnement renforce. Et puis il y a des taches qui se forment et se déforment comme à la surface du bitume chauffé par un soleil d’été. Plus tard, des lignes concentriques viennent épouser l’intérieur de cette demi-sphère qui prend alors les allures d’un bol de potier tournant à grande vitesse. L’expérience est collective. Aussi certain échangent quelques sensations durant que d’autres se laissent emporter par le voyage proposé. Il est un moment où les images combinées aux sons parviennent à nous extraire de la pesanteur quand nous semblons flotter dans l’espace, le temps d’une chute sans fin. Vers la fin de la performance, il devient même impossible de s’en extraire, tant les lumières colorées et stroboscopiques sont puissantes. Toute résistance est du reste inutile quand les images traversent nos paupières et quand les sons résonnent dans nos chairs.

imgQuittons Berlin pour le Festival International du Film de Rotterdam qui regroupait plusieurs expositions, toutes localisées sur Witte de Withstraat, sous l’intitulé “Exploding Cinema” et questionnant par conséquent quelques “autres” cinémas. C’est au sein des locaux du V2_ Institute, spécialisé dans les médias instables, que l’on retrouve Ulf Langheinrich avec une performance datant de l’époque où celui-ci collaborait avec Kurt Hentschläger. Et c’est du reste au V2_ Institute que les deux membres du collectif Granular Synthesis, en 1996, avaient donné la performance “Model 5” pour la première fois.

 

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Granular Synthesis, “Model 5”, 1996 (performance audiovisuelle).

 

imgL’image vidéo projetée, d’une dizaine de mètres de large, est découpée en quatre parties qui, tout au long de la performance, sont occupées par le visage de l’artiste performeuse Akemi Takeya. Les cadrages sont serrés et les expressions sont multiples. Ulf Langheinrich et Kurt Hentschläger ont isolé une multitude de séquences, après avoir filmé la jeune japonaise, pour en extraire les boucles audio vidéo de quelques fractions de secondes qu’ils ont enfin ré-assemblées. Ainsi, la répétition des visages dans l’espace de l’image est renforcée par celle des séquences dans le temps auxquelles des sons font écho. Et puis il y a les expressions des visages qui expriment une panoplie de sentiments allant de la sérénité, lorsque les yeux sont clos, à la souffrance, quand les bouches sont crispées. Mais c’est entre les images que tout se passe, lorsque la persistance rétinienne nous permet de reconstituer des visuels qui ne s’impriment que dans nos pensées. De ces visages en fibrillation, nous ne retenons que ceux qui correspondent à l’état de notre inconscient de l’instant. Quant au silence de l’après-performance, dans le public, il ne dure que le temps dont disposent ces mêmes visions fantomatiques pour se dissiper.

 

img sp Paul Sharits, “Epileptic Seizure Comparison”, 1976 (film 16mm en installation).

 

imgSouffrances et tortures

imgIl n’y a qu’une rue à traverser pour se rendre du V2_ Institute au Centre d’Art Contemporain Witte de With où sont exposés trois artistes radicaux dont l’Américain Paul Sharits. Ce dernier est connu pour ses films à clignotement, mais c’est en observant des œuvres comparables à des peintures que l’on saisit ses méthodes de travail directement inspirées par la composition musicale. Les “Frozen Film Frames” sont constituées de pellicules 16mm dont les images ont été colorées les unes après les autres. La vision de ces “nuanciers” aide en effet à l’appréhension de films tel “Declarative Mode” où un rectangle, dont les couleurs peuvent changer jusqu’à 24 fois par seconde, est projeté à l’intérieur d’un autre qui clignote lui aussi. En fait, les deux bobines sont similaires en tout point si ce n’est que l’une d’entre elles a été lancée avec une seconde d’avance sur l’autre. On peut y voir une sorte de prolongement temporel du travail, non moins obsessionnel sur la couleur, d’un Joseph Albers, mais la projection est à déconseiller à toute personne souffrant d’épilepsie, une maladie qui, selon Yann Beauvais, « a toujours été une hantise pour Paul Sharits ».

imgL’épilepsie constitue du reste le sujet de l’installation “Epileptic Seizure Comparison” de 1976. Ce dispositif s’articule autour d’un angle fermé par les images de films en 16 mm. Dans la projection du dessus, comme dans celle du dessous, il y a des hommes en souffrance dont les électrodes, disposés sur les crânes, nous placent dans un contexte médical. Les deux projections sont régulièrement perturbées par des aplats de couleurs vives. Quant aux films, ils proviennent d’études médicales sur l’activité cérébrale de patients durant des crises d’épilepsie. Ainsi, notre condition de spectateur face à leurs souffrances, notre incapacité à faire cesser l’expérience, les cris des patients. Tout, ici, nous place dans une position inconfortable. Et puis il y a ces clignotements incessants qui semblent s’adresser directement à nos cerveaux sans que les filtres de la pensée ne soient en mesure d’agir. Ce dispositif, en fait, n’est autre qu’un piège dont on ne s’extrait que difficilement.

 

img sp Vincent Elka, “Sho(u)t”, 2005/2007 (installation vidéo interactive).

 

imgTraversons de nouveau Witte de Withstraat pour nous rendre au MAMA dont les initiales signifient : Media And Moving Art. Une exposition y est articulée autour de l’installation interactive “Sho(u)t” de l’artiste français Vincent Elka. Je connais cette pièce pour être “passé à côté” quelques mois auparavant. Aussi, je suis résigné, cette fois-ci, à entrer en contact avec l’avatar de cette femme vidéo projetée au fond de la pièce. Mais il faut tout d’abord que j’ose monter sur la petite estrade qui est disposée face à son imposant visage. Quant à elle, elle attend dans une ambiance sonore qui évoque celle des salles de réveil. Ainsi, je lui parle dans le microphone destiné à cet effet, mais elle ne réagit guère. Alors je me mets à crier. Après tout, l’œuvre s’appelle “Sho(u)t” ! Et c’est alors que la machine réagit en plaçant des éléments graphiques en révolution autour de sa tête. L’image, parfois, se brouille comme celle d’un moniteur en perte de signal, mais la communication est loin d’être rompue. Plus je crie, plus elle s’anime, plus elle s’énerve. Le rythme des sons s’accélère durant que le volume s’amplifie. Tout ici m’encourage à crier plus fort encore jusqu’au moment où je me remémore ce passage du film “I comme Icare” d’Henri Verneuil lorsqu’un homme en torture un autre sous prétexte de quelques recherches. L’univers scientifique, ici, a fait place à celui de l’inévitable “Black Box”, mais je n’en suis pas moins piégé !

imgIl est grand temps de quitter Rotterdam pour retourner à Berlin où se tient la 21e Transmediale. Le festival a réintégré la Maison des Cultures du Monde après deux années passées à l’Académie des Beaux Arts. Les conférences, performances et autres expositions, dont celle intitulée ”Conspire” organisée par la curatrice Nataša Petrešin-Bachelez, s’articulent autour de la notion de conspiration. On y attend donc des œuvres se situant entre l’art et le politique. Quant au nouveau directeur artistique de la Transmediale, Stephen Kovats qui vient du V2_ Institute de Rotterdam, c’est à Marcel Duchamp qu’il emprunte une autre notion pour évoquer la conspiration : l’inframince, définie par son auteur tel un « seuil fragile et ultime qui sépare la réalité de sa totale disparition ».

 

img sp Ubermorgen, Paolo Cirio & Alessandro Ludovico “Amazon Noir - The big book crime”, 2006 (projet Web).

 

imgL’art du détournement

imgNombreuses sont les installations de l’exposition “Conspire” qui, tout comme “Amazon Noir - The big book crime” issue de l’association entre le collectif autrichien Ubermorgen et les artistes Paolo Cirio et Alessandro Ludovico, participent du détournement. Ces derniers ont en effet détourné l’application “Search inside the book“ que la librairie virtuelle Amazon.com met à disposition de ses clients désireux de lire quelques paragraphes d’un livre avant de l’acheter en ligne. Ce service fonctionne par l’envoi de mots-clefs aussi les artistes ont développé un robot capable d’en envoyer des milliers pour “aspirer” les contenus de livres entiers avant de les remettre en circulation au sein de serveur Peer to Peer. Ils expliquent leur “méfait” dans les images projetées qui encadrent l’incubateur contenant la “copie imprimée” d’un livre au titre prédestiné, “Steal this Book”, rédigé au début des années 70 par Abbie Hoffman, l’un des fondateurs du “Youth International Party”. Inutile de préciser que les avocats de la librairie en ligne se sont rapidement mis en contact avec les artistes qui ont accepté de vendre leur application à Amazon pour une somme dont le montant reste inconnu. Par cette action, dont il ne reste qu’une installation et un site Web, les artistes questionnent une fois encore la notion de “Copyright” tout comme celle, chère au collectif Ubermorgen, d’“original” à l’ère du numérique.

 

img sp Olga Kisseleva, “Cross Worlds”, 2007 (installation).

 

imgIl y a, à l’entrée de l’exposition, une pièce au sol d’Olga Kisseleva intitulée “Cross Worlds” qui est semblable à celle qu’elle a placée temporairement à l’abbaye de Maubuisson. Il s’agit, dans les deux cas, de Tags ou semacodes, des pictogrammes qui délivrent les messages qu’ils recèlent à ceux qui les photographient à l’aide de téléphones mobiles équipés de logiciels de décryptage. Une technologie à l’avenir commercial assurée et dont les artistes, à l’instar d’Olga Kisseleva, se saisissent déjà. Une technologie qui permet de dissimuler quelques messages, ici ou là, dans cet “inframince”, aux frontières du visible. L’artiste, du reste, s’intéresse aussi à l’invisible lorsqu’elle sollicite un laboratoire de mesure des hyperfréquences, toujours à l’abbaye de Maubuisson, pour dresser quelques cartographies des forces électromagnétiques invisibles qui, chaque jour davantage, nous entourent.

 

img sp Société Réaliste, “Transitioners : Le Producteur”, 2008 (installation).

 

imgLes nouveaux bureaux

imgDe loin, dans l’exposition, on entend quelqu’un qui semble raconter une histoire. Celui-ci se nomme Jean-Baptiste Naudy et est accompagné de Ferenc Gróf. La “coopérative artistique” parisienne Société Réaliste est ainsi au complet, au centre de son installation circulaire intitulée “Transitioners : Le Producteur” présentée par ceux-ci tel un “bureau de tendances politiques”. Fidèle à la tradition italienne de la Cantastoria, Jean-Baptiste Naudy parle et gesticule à la fois, montre des images, parfois des mots, se déplace et prend les membres du public à partie. L’intérieur du panorama circulaire qui nous entoure, semblable aux gigantesques “nuanciers” de Gerhart Richter, est constitué d’autant de rectangles de couleur qu’il y a de jours dans l’année. Il est des zones qui contiennent des pictogrammes, où l’héraldique se fait science du logotype, durant que d’autres contiennent des mots ou textes qui témoignent de quelques utopies historiques. Les deux artistes, au travers de leur collection 2008, proposent autant de “transitions démocratiques” que la combinatoire l’autorise.

 

img sp Bureau d'Etudes, “End of Secrecy”, 2008 (cartes en ligne).

 

img« Les scénarios apocalyptiques prophétisant la fin de notre monde surpeuplé justifient les expérimentations démiurgiques du monde devenu laboratoire », nous disent Léonore Bonaccini et Xavier Fourt, les membres du collectif français Bureau d'Etudes. Leur projet, présenté sous la forme d’une installation vidéo à la Transmediale, se nomme “End of Secrecy”, mais est aussi accessible en ligne à l’adresse “laboratoryplanet.org”. Il consiste à cartographier la planète en révélant une multitude d’entités dont les activités de recherches sur les technologies les plus diverses étaient tenues secrètes. Des cartes, qui régulièrement se rafraîchissent, sont ainsi peuplées des pictogrammes qui les révèlent. C’est là la fin du secret. La deuxième phase du projet devrait mettre en évidence le tissu des relations établies entre laboratoires de recherches et autres complexes industriels ou militaires déjà extirpés du secret. « Depuis la Seconde guerre mondiale, le monde se transforme progressivement en laboratoire à l'échelle 1 », nous disent encore les membres de Bureau d'Etudes », avant d’ajouter enfin : « Au modèle du “monde usine” s'ajoute désormais un modèle de “monde laboratoire” ».

imgNotons que l’œuvre “End of Secrecy”, dans sa dimension Internet, est issue d’une collaboration entre les artistes de Bureau d’études et les développeurs de Labomedia, l’un des 115 Espaces Culture Multimédias français dont certains sont sur le point de fermer suite au désengagement du ministère de la culture vis-à-vis de ce type de structure. Il serait pourtant regrettable, à l’heure où les artistes numériques vivant et travaillant en France sont de plus en plus présents à l’international, que ces derniers perdent progressivement l’appui de telles entités, souvent associatives, tant du point de vue des ressources humaines que de celui des dispositifs de résidence ou de diffusion. À suivre sur le site de la Fédération Nationale des Acteurs "Culture Multimédia"…

Article rédigé par Dominique Moulon pour Images Magazine, mai 2008